Lektüresitzung: Georg Simmel, Philosophie des Geldes, und Hans Blumenberg, „Geld oder Leben. Eine metaphorologische Studie zur Konsistenz der Philosophie Georg Simmels“ (15.2.2018)

La séance commence par une présentation de l’ouvrage de Georg Simmel, Philosophie des Geldes, et de Hans Blumenberg, „Geld oder Leben. Eine metaphorologische Studie zur Konsistenz der Philosophie Georg Simmels“ par Bahar Sen:

Publié en 1900, la Philosophie de l’argent n’est pas une oeuvre d’économie politique. Elle cherche plutôt à „dem historischen Materialismus ein Stockwerk unterzubauen, derart, daß der Einbeziehung des wirtschaftlichen Lebens in die Ursachen der geistigen Kultur ihr Erklärungswert gewahrt wird, aber eben jene wirtschaftlichen Formen selbst als das Ergebnis tieferer Wertungen und Strömungen, psychologischer, ja metaphysischer Voraussetzungen erkannt werden.“ (Simmel, Vorrede Philosophie des Geldes)

Il y est donc question de valeur et de leurs transformations dans le processus de l’échange. Un monde objectif se construit sur les formes de l’échange et des jugements de valeur, monde qui reflète une image relativiste du monde, ou plutôt une image relationelle du monde, puisque Simmel ne se soucie pas de diluer les valeurs. On se libère ainsi d’une image du monde absolutiste et traditionnelle. Pour Simmel, le monde de l’etre et le monde des valeurs sont clairement dissociés.

L’argent a des qualités ambivalentes car l’argent objectifie des valeurs.

  1. Cela a une dimension positive: l’argent permet de distinguer, de quantifier l’accroissement des niveaux de vie (ou leur chute). Blumenberg écrit à ce titre „Die Gesamtheit der subjektiven Werterlebnisse ist eben gerade nicht konstant; sie erfährt mittels des objektivierenden Mediums des Geldes eine ständige Steigerung, indem jedes Subjekt dieser Sphäre auf dem Wege der objektiven Äquivalenzen sich subjektiv bereichert.“ (Blumenberg, S. 181)

De cela s’ensuit des nouvelles opportunités et des libertés: ainsi l’argent nous libère du poids de l’échange: ce n’est plusla possession de biens qui compte, mais le fait de pouvoir se servir de biens partout et tout le temps. L’argent rend mobile et détaché, d’où la liberté.

  1. Mais cela a aussi une dimension négative, ce que Simmel appelle la tragédie de la culture. En privilégiant l’objectivation du monde contre l’expérience personnel de la valeur, sujets et objets s’éloignent de plus en plus l’un de l’autre. Le sjugements personnels peuvent désormais passer par lui: ici aussi, il s’agit d’une libération, mais aussi une aliénation. Le sujet se tient face à une culture objectivée très puissante

 

Bahar Sen se demande ensuite comment Hans Blumenberg dans son article „Geld oder Leben. Eine metaphorologische Studie zur Konsistenz der Philosophie Georg Simmels“ en est venu à penser que Simmel veut dire „vie“ quand il écrit „argent“.

Blumenberg suggère que derrière le mot argent chez Simmel se trouve un autre paradigme, que l’argent est la métaphore d’autre chose („daß im Thema Geld nicht der letzte Bezugspunkt des Werkes liegt, vielleicht schon die Entfaltung einer Metapher gesehen worden ist.“ (179)). Il imagine qu’il s’agit d’une analogie entre vie et argent: „Es sind die Charakteristiken von Stadien eines Prozesses, dessen Dynamik hier wie dort immanent ist: Erstarrung und Liquidität, Gestalt und Auflösung, Festhalten und Verschwenden, Institution und Freiheit, Nivellierung und Individualität.“

Bahar Sen revient ensuite sur le problème du relativisme: Le monde des valeurs se distingue du monde de l’être: „Erhaltungssätze, die für jede neuzeitliche Naturwissenschaft das rationale Bedingungsprinzip sind, können auf das Wertproblem nicht angewendet werden und brauchen es nicht, weil die Totalität der menschlichen Handlungswelt nicht mit der Natur identisch ist.“ (Blumenberg, 183). Il reprend ainsi Simmel lui-même: „Die Sätze von der Erhaltung des Stoffes und der Energie gelten glücklicherweise nur für das absolute Ganze der Natur, nicht aber für denjenigen Ausschnitt derselben, den das menschliche Zweckhandeln für sich designiert…“

Bahar Sen conclut que pour Simmel il existe une tension fondamentale entre mon intérieur et extérieur et l’argent es tun médiateur entre ces deux paries, ces deux compétences; il est aussi un médiateur entre les valeurs personnelles et collectives.

L’argent n’est donc pas la métaphore de la vie, maisil transforme la vie en un monde objectivé, ce que Simmel trouve tragique. Blumenberg de son côté fait une erreur de catégorie: l’argent n’est pas une métaphore de la vie, mais dans certaines circonstances l’argent est une catégorie anthropologique fondamentale qui doit à un moment ou un autre apparaître.

De fait, on créé des valeurs par l’échange et il n’y a pas de lien entre monde des objets et monde des valeurs ; c’est l’argent qui quantifie, créée de la différence sociale et permet l’abstraction, ce qui emporte avec soi la tragédie de la culture : le monde objectivé s’accroit, tandis que le sujet subjectivé disparaît. IL y a donc une aliénation par l’argent.

 

S’en suit une discussion générale :

Antonis Kalatzis se demande ce qu’est la vie chez Blumenberg et se demande si Blumenberg ne se sert pas simplement de Simmel pour démontrer son hypothèse de la métaphore absolue.

Gregor Fitzi prend ensuite la parole assez longuement et signale que quand Blumenberg écrit sur Simmel, celui-ci est redevenu un absolu. Il reconnaît aussi que le texte de Simmel et celui de Blumenberg manquent de sociologie, si l’on peut dire. L’important est que l’argent est un outil, un médiateur entre monde intérieur et extérieur.

Dirk Schuck indique que Simmel est une forme de retour de Marx vers Smith et les économistes classiques.

Bahar Sen rappelle que l’argent est un médiateur entre l’intérieur et extérieur

Teresa Koloma Beck synthétise et juge que l’argent un moyen et une fin à la fois, et une raison et un affect à la fois. Les fins ne sont plus qu’affects ; les moyens sont raisonnables.

Franck Hofmann se demande s’il faut lier chez Simmel dans ce cas la « objective Kultur » à la masculinité et la subjective Kultur au féminin. Que penser de « Stil » dans « Stil des Lebens » ?

Si Bahar Sen ne voit dans ce texte que de la philosophie et rappelle que Simmel est libéral et ne voit pas de structure de pouvoir, Fitzi estime que la culture a en elle toute l’expression de la subjectivité.

S’ensuit un long débat sur l’inscription de ce travail dans les disciplines scientifiques (philo, psycho, socio ?), mais qui manque d’historicisation des catégories à mon idée. Et de fait, ca devient une question normative.